Nice touch, b.
Le Monde describes the Darfur resolutions situation as a new crisis between France and the US:

La crise qui couvait depuis des semaines a fini par éclater. Un texte français contre un texte américain. Pendant les consultations du Conseil de sécurité sur le Darfour, l’ambassadeur de France, Jean-Marc de la Sablière, a sorti de sa poche, mercredi 23 mars, un projet de résolution déférant les crimes commis dans cette province du Soudan à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, alors que les Etats-Unis répètent qu’ils sont opposés à cette formule qui légitime une instance qu’ils ne reconnaissent pas. Mercredi soir, les diplomates se demandaient comment Washington allait sortir de ce dilemme : soit s’abstenir et entériner, de fait, la Cour pénale internationale. Soit opposer un veto et se voir accuser de faire le jeu, pour des raisons idéologiques, des responsables des exactions au Darfour. Le camp des partisans de la CPI n’était pas non plus totalement sûr de sa stratégie. Devant l’enjeu ­ diviser une nouvelle fois le Conseil et assombrir la réconciliation transatlantique ­, les Européens attendaient les résultats d’une concertation à haut niveau dans leurs capitales respectives pour savoir si le texte français serait soumis au vote. Le Conseil discute depuis deux mois d’un texte américain à trois volets qui prévoit la création d’une mission de maintien de la paix dans le sud du Soudan, l’adoption de sanctions individuelles contre les responsables des milices, et enfin le jugement des auteurs des crimes contre l’humanité qui ont été identifiés par une commission internationale d’enquête en février. L’ampleur du texte a jusqu’à présent empêché son adoption. Mardi, les Etats-Unis ont décidé de scinder la démarche. Ils ont présenté trois textes, en demandant un vote dès jeudi sur le plus facile, la création d’une force de 10 000 casques bleus. Aussitôt, les Français ont présenté leur texte. Une démarche “très déterminée”de soutien à la CPI, a déclaré l’ambassadeur, selon lequel “il fallait agir et la France a pris ses responsabilités”. UNE SOLUTION COÛTEUSE L’ambassadeur britannique, Emyr Jones Parry, estime pour sa part que les Européens ont “fait de nombreux efforts” pour s’assurer que le texte prenne en considération les inquiétudes américaines, ne serait-ce que parce qu’il prévoit une exemption de poursuites pour les citoyens de pays n’ayant pas souscrit au traité de Rome. Si ces derniers participent à des missions au Soudan, ils ne pourront pas être poursuivis devant la CPI. Neuf pays sur les quinze du Conseil ont adhéré à la CPI. La Chine et les Etats-Unis n’en sont pas. Les Français estiment qu’une dizaine de pays soutiennent leur démarche même s’il n’est pas sûr, au moment du vote, que tous aient envie de s’opposer aux Américains. Il semble que la Russie, la Chine et l’Algérie soient plutôt favorables à l’approche américaine. L’Argentine, le Bénin, le Brésil, la Grande-Bretagne, le Danemark, la Grèce, la Roumanie et la Tanzanie se rangeraient derrière l’initiative française, tandis que le Japon et les Philippines seraient indécis.
L’ambassadeur désigné par le président Bush, John Bolton, un farouche opposant de la justice internationale, n’a pas encore pris ses fonctions. Le porte-parole américain, Richard Grenell, a assuré qu’en tout état de cause la position de son pays sur la CPI était “bien connue” et qu’elle n’avait”pas changé”. Les Etats-Unis, qui ont été à l’origine de la création de la commission internationale d’enquête, ont proposé un tribunal ad hoc sur le modèle de ceux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, mais les autres pays ont jugé une telle solution coûteuse et inutile.
La commission internationale d’enquête avait conclu fin janvier que, si elle ne pouvait employer le terme de génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité avaient certainement été commis au Darfour, où l’ONU estime à plus de 100 000 le nombre de victimes de l’épuration ethnique. La commission a dressé une liste de 70 criminels de guerre présumés, tenue secrète et qui attend dans le coffre-fort de Kofi Annan qu’une décision ait été prise sur la juridiction à laquelle elle doit être confiée.
Corine Lesnes

Posted by: Jérôme | Mar 24 2005 16:28 utc | 1